jeudi 17 septembre 2009

les illuminés

"les illuminés"
installation & performance
serge olivier Fokoua
Yaoundé, Cameroun
Centre Culturel Français
2009








J’appelle illuminés des personnes aux cheveux blancs, reconnues pour leur sagesse et l’étendue de leurs connaissances. Des sortes d’oracles prêts à trouver une réponse à tout. Bref des personnages qui débordent d’ingéniosité et au près de qui tout le monde viendrait se ressourcer.

Quand je parle d’illuminés, je fais allusion aux personnes qui généralement entourent le chef, le roi, le gouverneur ou le président d’une république.

Pour le cas de mon œuvre, je me suis attardé sur la chefferie bamiléké qui a à sa tête un chef traditionnel et neuf notables.

Les notables sont comme les oreilles et les yeux du chef, mais aussi de toute la communauté. Ils sont les dépositaires de toutes les coutumes ancestrales et des pratiques magico religieuses.

Ils veillent sur le chef et l’accompagnent dans son gouvernement.

Ici, la relation qui unie les notables à leur chef est une relation d’intérêts. Si les neuf notables débordent d’ingéniosité et entourent le chef de soins et d’attention, c’est pour servir leurs propres intérêts (les intérêts du ventre).

Les neuf notables tiennent tant à leurs intérêts qu’ils seraient prêts à sacrifier la vie du chef si ces intérêts étaient menacés.

Mon œuvre dénonce la cupidité. D’autre part, j’essaye de démontrer que les dirigeants si bien entourées pourtant, ne jouissent pas toujours de leur liberté et sont rarement maître d’eux-mêmes. Très souvent, leurs agissements sont pour les beaux yeux de leur plus proche entourage.

Alors, si les illuminés qui forment le cercle vicieux au milieu du quel se dresse la haute majesté ont choisi de tenir leurs réunions en secret et dans la plus stricte intimité, c’est par ce qu’ils savent qu’il s’y passent des choses inacceptables.

Mon installation artistique est une œuvre qui fait appel au public.

Le site, représenté ici par le cercle vicieux, est ouvert à tout le monde. Le public peut sans crainte y accéder et y marcher librement.

C’est un appel à la brisure des traditions aberrantes